Concept

L’idée de mon projet d’exposition est la recherche ou le questionnement sur la vue ou le paysage qui aurait été vu par les premiers hommes, les hommes préhistoriques, et que nous voyons encore aujourd’hui. En tenant compte des changements géographiques et topographiques subis par la terre, il serait fort erroné de chercher un panorama ou un paysage constant. On peut penser que la mer serait cette vue inchangée depuis plusieurs milliers d’années (c’est ce que pense Hiroshi Sugimoto). Cela s’entend, mais sachant qu’on ne peut voir la mer de partout et que tous les humains n’ont pu la voir de leur vivant, je souhaiterais plutôt développer cette recherche dans une direction plus précise et minimaliste ; je souhaiterais affirmer que le ciel est la seule vue que les premiers hommes ont vu de la même façon que nous la voyons aujourd’hui.

La variabilité caractérise le ciel, car sa couleur, sa tonalité changent à chaque instant et il sera demain tout autre qu’il n’est aujourd’hui ou ne fut hier. La diversité est essentielle au ciel. Selon différents paramètres géographiques et astronomiques, le ciel n’est pas le même en Antarctique ou sur l’île de Kos que dans la région de Daugavpils ou à Okinawa. Néanmoins, en général, on peut considérer que le ciel est constant et stable, car les premiers hommes l’ont vu de la même façon que nous et nous le voyons tout comme eux il y a plusieurs milliers d’années. Cette affirmation contradictoire et paradoxale m’enthousiasme et me fait penser que l’humain, dans son existence, a toujours regardé le ciel. Comme je le fais tous les jours.

En réalité, quand je contemple le ciel, que vois-je ? Soit les couches épaisses et bien formées de nuages et la merveilleuse couverture bleu clair d’ozone, qui se constitue d’un ensemble d’oxygène, d’eau et du soleil, soit je regarde l’univers (qui se trouve après cette couche d’ozone) et son infinité. On pourrait dire que je regarde dans l’infini (ce qui, en raison des limites de notre pensée, est difficile à concevoir) et cela, je peux le faire infiniment. Cette action, cet acte que l’humain regarde depuis longtemps dans le ciel me paraît essentiel et caractéristique pour la nature et l’existence humaine. En réalité, quand l’humain regarde dans l’infini du ciel, ne cherche-t-il pas à voir lui-même ?
C’est cette idée que j’ai tenté de transmettre dans ces tableaux-ciels.